Vous avez sans doute entendu parler de la loi de Murphy. « Évidemment, il m’arrive toujours quelque chose, c’est la loi de Murphy » ou « Si ça peut arriver, ça va arriver » sont des phrases que vous avez certainement déjà entendues. Il en va de soi, la loi de Murphy a la cote, mais pas pour les bonnes raisons.
C’est un problème, parlons-en.
La plupart des gens voient la loi de Murphy comme une force cosmique et magique qui leur est imposée pour leur pourrir la vie. Tellement qu’on pourrait dire que les gens font de cette loi une croyance. Vous croyez-vous en cette force divine qui s’occupe de rendre votre vie si mauvaise?
Figurez-vous que j’ai l’audace de dire que la loi de Murphy est plutôt bénéfique. Et je ne dis pas ça dans un sens morbide ou défaitiste, en fait je remercie ce monsieur Murphy, car ça me fait voir le monde autrement.
Je m’explique. Tout le négativisme autour de ce phénomène, ce n’est dû qu’à un manque de familiarité par rapport à celui-ci. La plupart des négativistes ont de cette loi une très mauvaise interprétation. Mais qu’est-ce donc que la loi de Murphy? Il s’agit simplement d’une extension de la loi des grands nombres, voulant que plus le nombre d’expériences d’un phénomène aléatoire se produit, plus vous verrez une grande variété d’observation. Donc, vous aurez ainsi plus de chances de voir le meilleur scénario, mais aussi et surtout le pire.
Voyez-vous la nuance? Prenons par exemple un cycliste qui se rend au travail à tous les jours. Si le cycliste le fait souvent, il a plus de chance de voir des choses différentes arriver sur son parcours. Ça peut être de croiser un chat, remarquer des fleurs dans les arbres, ça peut être de contourner des voitures stationnées différentes, d’arriver à temps pour sa lumière verte ou pas, on peut imaginer une infinité de scénarios. Imaginons maintenant que ce cycliste le fasse encore plus souvent. Au cours de sa vie le cycliste aura vu une plus grande variété de choses se produire à vélo si il en a fait plus souvent. Ce cycliste aura tout vécu lors de ses randonnées, de la pluie, du beau temps, allons à l’extrême, il aurait même pu y passer le plus beau jour de sa vie. Mais cette fois où il aura fait un accident l’ayant rendu quadriplégie pour le reste de ses jours pourrait aussi arrivée, coïncidemment, ce serait la dernière fois aussi.
Généralement, les gens sont déjà préparés à subir les conséquences du meilleur scénario. C’est lorsque survient le pire des scénarios qui est important dans ce cas. Et c’est ce qui mérite l’intérêt de cette loi.
La loi de Murphy est un avertissement. Si vous ne contrôlez pas la variabilité ni la quantité des expériences, alors vous augmentez vos chances de voir le pire des scénarios vous arriver. Et en passant, ce pire des scénarios pourrait même tout aussi bien être votre dernier.
Voyez-vous, pourquoi les avions tombent-ils du ciel aussi peu souvent? Pourquoi n’entendons jamais vraiment parler d’une compagnie pharmaceutique qui se serait trompé dans le dosage d’un des ingrédients d’une pilule? Pour les avions, ce sont des milliers de vols différents chaque jour? La quantité de pilules produites par l’industrie pharmaceutique est elle aussi énorme. Comment font-ils pour ne pas faire les manchettes à toutes les semaines?
La réponse est dans la gestion du risque. Ces compagnies sont bien au fait de l’effet de la loi de Murphy, et emploient les principes de gestion de risque, typiquement de la prévention et de l’acceptation du risque. La loi de Murphy demande un exercice de précaution qui peut sembler abusif, mais nécessaire dans la plupart des cas.
Personnellement, je me sers de la loi de Murphy comme d’une excellente excuse à effectuer une saine gestion des risques. Quand je dis à mes clients que je dois me méfier des effets de la loi de Murphy, souvent on me regarde avec des yeux ronds, mais une fois expliqué, ça se comprend aisément. Que ce soit pour évaluer les effets à long terme d’un changement sur un programme que je développe, ou lorsque vient le temps de décider si je dois effectuer une manœuvre à vélo.
Autre opinion étonnante: vous pouvez faire travailler la loi de Murphy en votre faveur. Je m’explique. Si vous faites des tests de régression, assurez-vous que votre échantillon est suffisamment grand pour couvrir tous les cas, y compris le pire et le moins fréquent. Ça vous dit quelque chose? Dans ce cas, la loi de Murphy vous sera d’une grande aide et elle jouera en votre faveur.
Je vous invite, chers lecteurs, à respecter la loi de Murphy, car le pire des scénario ne doit pas vous arriver. Et lorsque le meilleur des scénario vous arrivera, s’il vous plait, sachez le reconnaitre et profitez-en!
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