Le stock de sécurité basé sur le risque: une approche définitive

Dans un univers où les géants comme Amazon dominent, il est de plus en plus critique pour les détaillants de commerce physique de répondre aux demandes des clients le plus rapidement possible. Et une des façons de faire, c’est de s’assurer que le stock soit bien disponible, sans quoi le client risque d’aller chez le concurrent. La décision de la quantité à garder en stock sur le plancher est alors cruciale et probablement au cœur des opérations du détaillant. Dans cet article, nous nous attarderons à l’importance de considérer la détermination du stock de sécurité comme une mesure d’analyse d’atténuation des risques.

Petite analyse de risque générale

La première étape d’une analyse de gestion du risque est simplement l’identification du risque. Or, dans le cas du détaillant, le risque correspond au fait de manquer de stock.

Supposons que vous êtes une entreprise qui gère très bien vos opérations, que vous commandez toujours à temps, et que le suivi de votre inventaire est parfait. Même, allons encore plus loin: votre stock minimum correspond toujours à vos prévisions de ventes que représente votre délai de réapprovisionnement. Eh bien, gageons que ce n’est pas suffisant pour vous empêcher de manquer de temps en temps! C’est normal, le manque d’inventaire fait l’objet de variables aléatoires pour lesquelles vous n’avez pas de contrôle. Vous voyez où je veux arriver?

Pourquoi manque-t-on de stock me demanderez-vous! Je vous réponds qu’il y a deux grandes causes, chacune d’elle devra faire l’objet d’une gestion particulière.

  • Cause 1: les ventes réelles au cours du lead-time de réapprovisionnement ont été supérieures à celles escomptées. Il s’agit là d’un beau problème, mais reste que ce problème a un grand coût d’opportunité.
  • Cause 2: le délai de livraison de réapprovisionnement a été supérieur à celui qui nous avait été promis.

Il s’agit là des deux seules causes qui m’ait encore été donné de constater. Nous traiterons dans les prochaines sections des mesures d’atténuations possibles.

Cause 1: les ventes ont été plus grandes que prévu

Pourquoi les ventes ont-elles été plus grandes que ce qui a été prévu? La réponse est simplement que vous n’arriverez jamais à une prévision parfaite. Bien sûr, il reste toujours préférable de faire des prévisions de meilleure qualité, mais peu importe la raison, si le résultat est que vous avez toujours un écart par rapport à ce qui a été prévu, c’est qu’il y a une difficulté inhérente à effectuer des prévisions parfaites, et cette difficulté est mesurable. C’est pour vous protéger de cette difficulté que vous souhaitez vous monter un stock de sécurité.

Alors, dans ce cas, votre point de réapprovisionnement doit être égal à votre prévision de vente sur le lead-time plus ce qu’il faudrait appeller le stock de sécurité (et oui, en utilisant la fameuse formule qui tient compte du niveau de service désiré ainsi que de votre écart de prévision).

Cause 2: le délai de réapprovisionnement a été plus long que prévu

Un peu comme pour la cause numéro 1, c’est encore une fois une variable qui dépend de la prévisibilité du délai de livraison. On aura beau avoir monté des prévisions sur un lead-time, si la durée de ce lead-time change, alors il est possible que le prochain réapprovisionnement ne soit pas arrivé à temps.

Vous voyez sûrement déjà où je veux en venir: il faut mesurer cette imprévisibilité-là afin de la convertir en nombre d’unités supplémentaires à garder en stock. Et la conversion est facile: on transitionne d’une couverture en jours à une quantité. À ce moment, on prend la prévision de vente que nous comptons faire sur la couverture à convertir.

Vous pouvez reprendre la démarche de la section précédente et l’appliquer pour les délais de livraison une fois que tous les constituants en couverture auront été convertis en quantité.

Discussion

Côté pratico-pratique, on m’a souvent dit que la pratique d’envisager le stock de sécurité comme une démarche d’analyse de risque est plus lourde que de simplement déterminer une couverture désirée entre les réapprovisionnements, ou simplement mettre une quantité fixe comme stock de sécurité.

La raison de ceux qui préfèrent ces méthodes est simple : c’est qu’ils n’ont pas vraiment le temps (selon eux) de gérer les dérives du système. À cela, je leur rétorque que le système est peut-être mal réglé s’ils en sont à dire des choses comme celles-là. Il est plus facile de saisir une durée de couverture un peu plus longue que celle du lead-time. Il y a un seul chiffre à saisir par produit, ce qui signifie pour eux qu’ils ont le contrôle facile. De plus, si les ventes sont plus élevées, le stock de sécurité le sera aussi, ce qui est facile à expliquer, car les ventes sont souvent plus naturelles à consulter que les écarts de prévision de vente. À ceux qui me sortent cet argument, je leur réponds que dans un système bien réglé, ils ont aussi un seul paramètre par produit (dans notre cas : le degré de confiance voulu).

Mais l’argument massue que j’aurais à leur donner n’est pas en lien avec la facilité de gestion. En fait, j’argumenterais qu’un client qui utilise des méthodes basées sur des couvertures arbitraires manque d’informations, à savoir si la couverture qui a été entrée est suffisante pour les cas les plus problématiques et les plus difficiles à prévoir. On m’a souvent donné comme exemple les produits qui se vendent seulement sur commande spéciale (typiquement grandes). C’est le genre de produit qui est difficile à prévoir, car le volume de vente prévisionnel est faible comparativement au volume des ventes fermes. Supposons qu’il s’agit d’un produit A dans la classe ABC, car on ne peut pas se passer d’une vente. Il y a fort à parier que ce produit soit difficile à prévoir. On ne sait pas quand va arriver la vente exceptionnelle, mais on sait qu’on est toujours à risque. Qu’est-ce qu’on fait à ce moment-là ? On augmente tout simplement nos réserves, ce qui revient à mesurer notre degré d’incertitude sur les prévisions de vente et à jumeler cette information à notre niveau de service désiré pour ce produit. Cette approche est un peu une approche tout-terrain, qui permet d’identifier les produits qui ont le plus besoin d’attention, en appliquant la même règle pour tout le monde.

Conclusion

Cet article a tenté de vous convaincre que la détermination du stock de sécurité doit s’inscrire dans le cadre d’une démarche de gestion de risque, et ce risque est celui de manquer de stock au moment que le client est prêt à acheter votre produit. Deux outils qui permettent de mesurer et adresser le risque vous ont été présentés: un pour alléger le risques de vendre plus de stock qu’escompté, l’autre pour se parer contre les aléas dans le délai de livraison.

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